Реферат по предмету "Английский язык"


Межкультурные коммуникации. Proverbes

МОСКОВСКИЙ ПЕДАГОГИЧЕСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ УНИВЕРСИТЕТ
Реферат по предмету «Межкультурные коммуникации»
на тему: «Proverbes»
Работу выполнила студентка гр.305
Романо-германского отделения
Факультета иностранных языков
Старыгина М.Д.
Руководитель: Драпей Н.В.
Москва, 2004 год
Dйfinition et fonction dans la sociйtй.
Le proverbe, la maxime et la devise sont des йnoncйs normatifs lapidaires, fortement rythmйs et souvent imagйs, de longue durйe de fonctionnement.
Ce qui distingue la maxime des deux autres genres est l'individualisme. Alors que le proverbe est puisй а un fonds commun de sagesse reprйsentant la tradition, la maxime est une vйritй йcrite dont un auteur prend la responsabilitй. Elle est critique, incisive et volontiers ironique. Le proverbe ne fait que rйpйter la doxa, alors que la maxime la remet en cause ou en ruine les assises. Mais il ne s'agit pas seulement d'apporter une vision nouvelle : la maxime est un apophtegme qui a ambition de proverbe, elle est destinйe а passer dans l'usage. La structure rythmique de la maxime a une double fonction : mnйmonique et incantatoire. Un йnoncй bien frappй s'imprime aisйment dans la mйmoire et crйe le besoin de se faire rйpйter. Les maximes d'excellente facture ont une stabilitй qui leur permet de passer а travers le temps.
Le proverbe est une courte maxime entrйe dans l'usage courant. Du point de vue formel, il se distingue souvent par le caractиre archaпque de sa construction grammaticale : par l'absence d'article, par l'absence de l'antйcйdent, par la non-observation de l'ordre conventionnel des mots. La structure rythmique du proverbe est souvent binaire. On y trouve l'opposition de deux propositions ou de deux groupes de mots а l'intйrieur de la proposition. La rime ou l'assonance vient parfois souligner l'opposition. Cette structure est souvent renforcйe par l'utilisation d'oppositions sur le plan lexical : la rйpйtition des mots, la mise en prйsence syntagmatique de couples oppositionnels de mots. Les traits spйcifiques du proverbe en franзais sont l'emploi du cas-sujet et du cas- rйgime dans les expressions nominales, la prйsence de complйments dйterminatifs, l'ellipse des relatifs, les consйcutives nйgatives, les relatives au subjonctif, l'infinitif substantivй ou servant de thиme dans une phrase а prйdicat, la conjonction de coordination et introduisant une principale, les phrases nominales et les constructions chiasmatiques.
La formulation archaпsante des proverbes renvoie а un passй non dйterminй, leur confиre une sorte d'autoritй qui relиve de la sagesse des anciens. Le caractиre archaпque des proverbes constitue une mise hors du temps des significations qu'ils contiennent. Le prйsent employй est le temps anhistorique qui aide а йnoncer, sous forme de simples constatations, des vйritйs йternelles. L'impйratif, en instituant une rйglementation hors du temps, assure la permanence d'un ordre moral sans variations.
La devise est une injonction rйflexive exprimant un idйal. Mais la norme qui la fonde n'est pas, comme dans la maxime et le proverbe, gйnйrale. Elle ne concerne qu'un individu, une famille, une nation.
La terre d'йlection des trois genres est le discours argumentatif. Le proverbe, la devise et la maxime sont un moyen facile de communication avec l'auditoire. Ils constituent des messages dont la source originelle est inconnue ou voilйe. Devenus a-contextuels, vides, ces faits йnonciatifs s'offrent comme le lieu idйal de l'insertion de nouvelles instances йmettrices qui, les manipulant а leur guise, en assument provisoirement la responsabilitй. Ceci explique leur forte charge idйologique et leur fonctionnement comme signes univoques, mono-isotopiques, propriйtйs qui les rendent utiles lorsqu'il s'agit d'йtablir un consensus rapide entre idiolectes.
Dans la langue parlйe, ils se distinguent de l'ensemble de la chaоne par le changement d'intonation : le locuteur abandonne momentanйment sa voix et en emprunte une autre pour profйrer un segment de la parole qui ne lui appartient pas en propre, qu'il ne fait que citer. C'est donc l'йlйment d'un code particulier, intercalй а l'intйrieur de messages йchangйs.
Origines et postйritй.
Origines.
1) Origines du proverbe. - Les civilisations archaпques et prй-chrйtiennes (au Moyen-Orient, en Asie, en Europe) vйhiculaient des proverbes. Chez les Sumйriens et les Йgyptiens (les deux plus anciennes civilisations connues par l'йcriture), les proverbes йtaient rassemblйs en collections, а emploi sans doute pйdagogique. Ils ont circulй dans tout le Proche-Orient. Les Grecs et les Latins sont redevables de nombreux proverbes au Proche-Orient ancien. - Le proverbe peut кtre rapprochй des lois et des textes religieux (ex. le Livre des Proverbes). Mais le mot hйbreu traduit "proverbe" (Meshalim) signifie plutфt poиme et dйsigne en fait un exposй de morale religieuse, vs les proverbes populaires dont le ton apparemment pйremptoire est toujours tempйrй par l'humour, et dont les mйtaphores йnigmatiques renvoient а l'ambiguпtй du rйel. - Civilisation grйco-romaine. Lien entre le proverbe et les autres genres de la littйrature orale. Trиs souvent, dans les fables d'Йsope, le rйcit s'achиve par une formule lapidaire qui rйsume l'histoire et propose une moralitй. Cette formule peut prendre son indйpendance, l'image surprenante renvoie а une histoire connue de tous et qu'il n'est pas besoin de rappeler. - Pour les auteurs antiques (Aristote, Sophocle, Thйophraste, Quintilien, Cicйron), le proverbe exprime un concept vrai. L'idйe de la vйritй renfermйe et exprimйe par le proverbe est acceptйe par les rhйteurs, qui en font la base de l'auctoritas du proverbe dans le discours. Le proverbe est un йlйment utile dans la vie, parce qu'il donne des conseils reconnus vrais, qui servent le long de la voie-vie de l'homme. Il est aussi dйfini comme un discours obscur. Il doit attirer l'attention et inspirer le respect. Il renvoie а une vйritй commune et reconnue par tout le monde. Il est le point d'insertion, dans le discours, du savoir commun de la collectivitй ; par lа lui est confйrй l'auctoritas, parce qu'il n'est pas liй aux idйes particuliиres de celui qui l'exprime. Tйmoignage-assertion, reconnu juste et vйridique а cause de son caractиre d'antiquitй, incorruptible et impйrissable. - Les proverbes grecs anciens. Les proverbes constituent le domaine privilйgiй de la phrase nominale. - Les proverbes latins. Ils pouvaient se prйsenter sous forme de phrases complexes (Quem di diligunt Adulescens moritur, dum ualet, sentit, sapit : Quand on est aimй des dieux, on meurt jeune, dans toute sa force, dans tous ses sens et dans tout son bon sens). Les procйdйs les plus frйquents : l'allitйration, la briиvetй, l'ellipse, la rйpйtition de mots, l'assonance, le raccourci d'expression, la prйsentation en proposition infinitive. - Pline, Sйnиque, Quintilien, Lucrиre, Virgile, Horace : par leur souci de concision et leurs recherches stylistiques, recrйent ou crйent des expressions proverbiales. Ainsi se constitue un trйsor de proverbes, d'origine gйnйralement populaire, mais souvent aussi rййlaborйs par la culture savante. - Les Dits de Salomon et de Marcoul. Recueil qui attribue а la sagesse lйgendaire du roi Salomon un dialogue en proverbes rimйs, circule depuis le Xe siиcle en Europe, d'abord en latin puis, vers la fin du XIIIe siиcle en franзais. - XIIe et XIIIe siиcles. Le proverbe est alors un "йnoncй а caractиre universel" empruntй aux philosophes et sages de l'Antiquitй ou а la sagesse dite populaire. Les thйoriciens lui prкtent une qualitй particuliиre : un caractиre mйtaphorique ou allйgorique qui permet de l'adapter au contexte, surtout dans l'exorde et la conclusion. - Les proverbes sont omniprйsents dans la culture du Moyen Age. Ils reflиtent les rapports de forces, les tensions et les conflits de la sociйtй fйodale ("L'argent ard gens") ou йvoquent des rivalitйs anciennes entre rйgions ("Niais de Sologne qui ne se trompe qu'а son profit"). Ce sont des proverbes mallйables. Les clercs qui les utilisent les rййlaborent sans cesse. Ils faisaient autoritй, а cфtй de la Bible, dans les sermons. Se sont constituйs а l'usage des prйdicateurs des recueils de proverbes : Hic incipiunt proverbia in gallico, Principia quorundam sermonum qui dйmontrent pratiquement comment l'on peut prendre des proverbes comme point de dйpart de sermons. Les proverbes sont appuyйs de citations bibliques. On ne trouve pas de recueils similaires dans d'autres pays europйens (ni en Allemagne ni en Espagne). - A la fin du XIIe siиcle, Mathieu de Vendфme propose une dйfinition qui donne а cet йlйment une place essentielle : "Le proverbe est une sentence commune а laquelle l'usage accorde foi, que l'opinion publique adopte et qui correspond а une vйritй confirmйe". La sentence mйmorisйe devient proverbe : la rйpйtition, la projection dans la mйmoire du peuple la fait passer du particulier au collectif. - C'est au XIIIe siиcle que le mot proverbe apparaоt en France, dans les fables de Marie de France. - Les Distiques de Caton. Ils fournissaient au Moyen Вge en йpigraphes la plupart des ouvrages. Au XIIIe siиcle, le recueil latin devient par le travail de traducteurs une collection de proverbes. Jusqu'au XVIIIe siиcle, des йditions et traductions italiennes, allemandes, hollandaises paraissent. - Proverbes des Sages, Diz et Proverbes des Sages philosophes. XIVe et XVe siиcles. Ce sont des quatrains moraux. Certains ont eu un tel succиs qu'un certain nombre d'entre eux sont passйs en proverbes et ont йtй introduits comme tels dans les recueils populaires. - XVe et XVIe siиcles. Les crйateurs procиdent soit par simple juxtaposition de proverbes faisant voler leur sens en йclats (Villon, Ballade des proverbes), soit par accumulation qui mйlange proverbes authentiques et proverbes inventйs (Rabelais, Gargantua, XI), soit encore par commentaires provocateurs (Montaigne et Cervantиs). - Philippe Bйroalde, Oratio proverbium (1499) : pose l'adage comme riche d'une sagesse qu'il faut dйvoiler et dйvelopper. - Erasme a йtй parmi les premiers а fournir une dйfinition du proverbe, а йtudier son apport culturel et а prйparer lui-mкme, entre 1500 et 1530, un recueil d'adages. Il publie а partir de 1500 plusieurs volumes d'adages. Le proverbe est pour Erasme un des moyens les plus sыrs d'йviter le langage trivial. Fonction discriminative du proverbe qui permet de ne pas s'exprimer comme tout le monde. Erasme saisit des fragments du langage populaire pour mieux se dйmarquer de ce mкme langage. Nйcessitй que le proverbe soit grec ou latin. "Parole connue qui se distingue par quelque origine spirituellement savante". La dйfinition l'oriente du cфtй de la culture savante et du cфtй de l'ornement stylistique. Il n'est pas question d'un contenu moral. Mйtaphore, allusion savante. Mais pas la comparaison : cette derniиre est trop explicite pour servir d'ornement au discours, et condamne une sentence comme "L'envie, comme le feu, gagne ce qui est au- dessus d'elle". Mйtaphore et ellipse s'y conjuguent pour leur confйrer cette obscuritй minimale sans laquelle, pour Erasme, il n'est point d'adage. - Les Humanistes collectionnaient les proverbes. Ils citaient des Proverbia rustica et des sententiae littйraires. C'est au XVIe siиcle que l'on commence а commenter les proverbes. Les ouvrages : Henri Estienne, Projet de livre intitulй de la Prйcellence du langage franзois (1579); Йtienne Pasquier (1529-1615), Recherches de la France; Fleury de Bellingen, l'Йtymologie ou explication des proverbes franзais, divisйe en trois livres par chapitres en forme de dilaogue (1656); Antoine Oudin, Curiositйs franзaises, pour supplйment aux dictionnaires. Recueil de plusieurs belles propriйtйs, avec une infinitй de proverbes et quolibets, pour l'explication de toutes sortes de livres (1640). - Ils sont passйs de l'abus а la dйchйance sociale. Parodie de Rabelais et de Cervantиs. - Liйs а la rhйtorique, а l'emploi courtisan et lettrй au XVIe siиcle, ils sont renvoyйs au "populaire" aux XVIIe et XVIIIe siиcles. Alors se dйveloppe la maxime, l'aphorisme individuel. - Au XVIIe siиcle, les soulиvements populaires obligent les intellectuels а prendre parti pour ou contre leur emploi. Cйsar Oudin (1640) dans les Curiositйs franзaises, classe les proverbes ou expressions proverbiales en catйgories : familiиres, vulgaires, basses, triviales. - Les proverbes sont, jusqu'а la fin du rиgne de Louis XIII, le support d'un jeu qui fait fureur dans les salons parisiens et les collиges : saynиtes, йnigmes dont le "mot" est un proverbe. Mais aprиs la Fronde (1648), les proverbes deviennent la cible des intellectuels de Louis XIV. La Fontaine, а contre-courant, admire les proverbes, en fait la trame de ses fables et en cite quelques uns en langue vernaculaire (ex. : "le Loup, la mиre et l'enfant", Fables, IV, 16, s'achиve sur un proverbe picard). Indiffйrenciйs au XVIe siиcle, le proverbe et la maxime vont dissocier leurs destins au XVIIe siиcle. Les maximes sont dorйnavant les "proverbes des gens d'esprit". Le proverbe passe de mode et se trouve abandonnй а la culture populaire, au burlesque, aux valets et aux paysans de la comйdie. - Aux XVIIe et XVIIIe siиcles : discrйdit du proverbe, floraison de la maxime. Adrien de Montluc donne la Comйdie de proverbes (1616), oщ il les met en litanie pour en ridiculiser l'emploi. Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue franзaise (1647) proscrit le proverbe. Concurremment la maxime fleurit. - Au XVIIIe siиcle, en France : le proverbe dramatique = courte piиce de thйвtre dont le titre et le mot de la fin est un proverbe laissй а la sagacitй du spectateur. Carmontelle (1717-1806). - Le jeu des proverbes reste а la mode jusqu'au XVIIIe siиcle (avec Collй, Carmontelle et Berquin). - L'йveil des nationalitйs et le romantisme vont remettre а la mode les contes et les proverbes. Sont effectuйs en France les premiers recensements systйmatiques. Ex. : celui de La Mйsangиre (1827) et le Livre des proverbes franзais d'Antoine Leroux de Lincy (1840). La recherche philologique allemande suit а partir de 1859. Edmund Stengel, Adolf Tobler. - Cette vogue produit plusieurs oeuvres originales oщ la culture populaire semble rйgйnйrer l'art salonnier : Quitte pour la peur (1833) d'A. de Vigny et On ne badine pas avec l'amour (1834) et Comйdies et proverbes (1840) d'A. de Musset. 2) Origines de la devise. Les cris de guerre mйdiйvaux permettant l'identification des combattants au visage cachй par le heaume. Sentences accompagnant les emblиmes hйraldiques. La mode des devises date des guerres d'Italie : imitant la noblesse, йcrivains et imprimeurs signиrent leurs oeuvres de formules plus ou moins emblйmatiques ou anagrammatiques, de Clйment Marot ("La mort n'y mord") а Maurice Scиve ("Non si non lа"). Tournй en dйrision par du Bellay (Dйfense et Illustration de la langue franзaise, II, 11), l'usage de la devise disparut aprиs 1565. 3) Origines de la maxime. - Chez les latins : phrase dans laquelle on dit beaucoup de choses en peu de mots. Idйal chez les Romains : la concision. Substantifs plus que verbes. Art de la concision. Йconomie de roches sur lesquelles on йcrivait. Les йcrivains en crйaient. De l'йcriture au proverbe. - Pour Quintilien, la brevitas s'oppose а la copia, elle se signale par la densitй d'une forme qui dit beaucoup en peu de mots. Ce souci de concision, liй а l'exigence de la clartй demeurera а toutes les йpoques la vertu classique par excellence. - Au Moyen Age, la doctrine des Pиres de l'Йglise est compilйe sous forme de sentences par Anselme de Laon, Pierre Lombard, Robert de Melun, etc. La sentence est d'essence thйologique mais elle garde son caractиre de proposition personnelle. Le plus cйlиbres des sententiaires est Pierre Lombard. Il a laissй un recueil de textes des Pиres dogmatiques, dans lequel sont rassemblйs des sentences sur des problиmes trиs variйs. - Cette mode continue au XVe siиcle, mais en franзais et sous forme de quatrains moraux, avec Gui de Faur de Pibrac, Antoine Faure, Pierre Matthieu. Ronsard formule de nombreuses maximes dans son poиme Sur l'adolescence du roi trиs-chrйtien. - La mode des maximes fait fureur dans le monde des prйcieuses. La maxime correspond au goыt si vif du temps pour tout ce qui touche а l'analyse psychologique. - La maxime en tant que genre spйcifique contribuant а renouveler l'analyse morale et psychologique n'est vйritablement apparue que dans l'entourage de Mme de Sablй, Jacques Esprit, La Rochefoucauld. La tradition est reprise au XVIIIe siиcle par Chamfort, Voltaire et Diderot. Postйritй. - Les poиmes gnomiques, qui mettent en vers des maximes. - L'esthйtique du fragment. Frйdйric Schlegel. Les textes de l'Athenaeum. - Les clichйs sont poursuivis depuis le romantisme. La formule clichйe n'a de valeur que comme moyen trop facile de communion avec l'auditoire. Les beaux esprits ne veulent pas vivre de recettes. A la condamnation d'expressions jugйes triviales et populaires s'ajoute le refus d'une "sagesse" perpйtuant sa loi sous forme d'une mise en fiche proverbiale du comportement de l'individu. Le dйclin du proverbe s'est accompagnй d'un renoncement progressif а la mйtaphore. Les proverbes attestйs plus rйcemment dans les recueils s'йloignent du domaine concret pour йvoquer plus littйralement et sur un mode abstrait le monde moral et affectif. Beaucoup d'йnoncйs abstraits et moralisateurs sont attestйs dиs les premiers manuscrits ("L'homme propose et Dieu dispose", "Qui aime bien chвtie bien"), mais ce qui a йtй perdu avec le temps, ou parfois avec la modernisation syntaxique, c'est la force de la formule, sa frappe (prosodie, rime, etc.), comme si elle jouait le mкme rфle que la mйtaphore dans les autres йnoncйs : celui d'une griffe authentifiant le proverbe. L'appauvrissement du fonds proverbial franзais va de pair avec la perte d'une exigence rhйtorique, comme si dйsormais plus rien du savoir humain ne pouvait se mettre en images ou en formules. - Le peuple continue а crйer des proverbes, qui affleurent et se rйpandent en pйriode de crise, lorsqu'un groupe social ou une nation opprimйe se trouvent obligйs d'affirmer leur identitй et leur force. Ex. : ceux qui sont apparus sur les murs de Nanterre en mai 1968 : "Mйtro, boulot, dodo" et "Sous les pavйs la plage". - Les slogans, les mots d'ordre, constituent des maximes йlaborйes pour les besoins d'une action particuliиre. Ils doivent s'imposer par leur rythme, leur forme concise et facile а retenir, mais ils sont adaptйs aux circonstances, doivent toujours кtre renouvelйs et ne participent pas encore au large accord traditionnel dont jouit le proverbe. Leur rфle est celui d'imposer, par leur forme, certaines idйes а notre attention. Les slogans publicitaires ("Un verre зa va, trois verres, bonjour les dйgвts"). - Les substitutions dans les proverbes pratiquйes par les surrйalistes (Breton et Йluard). Ex. : Il faut battre sa mиre pendant qu'elle est jeune. Travail de dйrision de la signification, de Rrose Sйlavy de Desnos aux Mots sans mйmoire de Leiris. - Les mйtaproverbes. Le dйtournement systйmatique d'expressions proverbiales et de proverbes, а la fois sur le plan phonйtique et sйmantique. Les mйtaproverbes ironisent sur les slogans publicitaires et sur les principes de notre sociйtй. Ex. : "On a souvent besoin d'un plus petit que soi, pour lui casser la gueule" (Pierre Pйret) ou les Proverbes d'aujourd'hui, de Guy Bйart. - Le wellйrisme. Sam Weller, le hйros de Charles Dickens dans Monsieur Pickwick cite des chapelets de phrases sentencieuses. Sam Weller a donnй son nom aux wellйrismes. Dйjа attestй au IIIe siиcle avant notre иre, le wellйrisme est la contestation parodique de la parйmie, dont il tourne en ridicule l'argument d'autoritй. Il comporte trois sйquences : le premier segment est soit une parйmie soit une pseudo-parйmie; le deuxiиme, introduit par la formule "comme disait un tel", attribue la citation а un "hйros", un personnage historique ou lйgendaire, et le circonstant apporte la touche comique. - Le genre est redйcouvert au cinйma. Ex. : Йric Rohmer qui, entre 1981 et 1988, regroupe un ensemble de six films sous le titre gйnйral Comйdies et proverbes. Un peu de psychologie
Dans ce paragraphe je voudrais prйsenter le point de vue d’un psychologue canadien m. Georges-Henri Arenstein.
Il arrive souvent que certaines personnes, ne sachant plus quoi dire dans une conversation, citent un proverbe passe-partout pour meubler un silence.
Ce recours а une phrase toute faite, extraite de la sagesse populaire, frappe par son caractиre absolu. Et son caractиre absolu semble surgir du simple fait que la phrase est connue de tous. Donc, croit-on, elle doit кtre vraie.
Si le recours aux proverbes a un petit quelque chose de rassurant, je ne peux m'empкcher de penser qu'il s'agit d'un mйcanisme de dйfense qui empкche le vrai contact et qui empкche les ajustements crйateurs. En effet, lorsque la phrase est dite, le silence cesse d'кtre gкnant. La personne est mieux assise sur sa nouvelle certitude. Elle semble protйgйe maintenant par la sagesse des nations !
Est-il besoin de dйnoncer le fait que le recours aux proverbes est un dйrivatif stйrile qui n'apporte aucune paix durable ni aucun changement significatif. Qui plus est, la phrase est souvent fausse ou alors comprise dans un sens unilatйral, celui qui favorise son usager. Voici quelques exemples entendus dans ma pratique.
Le temps arrange bien les choses. Faux. Le temps n'est pas un personnage enchanteur qui rйpare quoi que ce soit. Qu'une situation de vie soit agrйable ou dйsagrйable, ce n'est pas le temps qui modifie quoi que ce soit. Ce sont les gens qui le font. Ils peuvent le faire avec l'aide du temps (rapidement ou lentement), mais le temps, lui, ne fait rien d'autre que passer.
Tu rйcoltes ce que tu sиmes. Faux. Ce n'est pas automatique ! Il va pousser ce que tu sиmes, зa c'est certain ! Quant а rйcolter, encore faut- il le vouloir. Dans la vie comme dans un champ, il ne suffit pas de semer des bonnes choses pour rйcolter des bonnes choses ! Et les mauvaises herbes ? Et les cailloux ? Et les insectes ? Discriminer le nourrissant du toxique est une tвche quotidienne.
Il faut aller dans son champ et cueillir ce qu'il y a а cueillir ! Ceci demande des efforts et de l'initiative et aucune rйcolte ne s'est jamais faite automatiquement.
Une de perdue, dix de retrouvйes, dit-on au jeune homme qui a perdu sa compagne. Faux. Cette phrase a pour fonction d'apaiser la dйtresse d'un amoureux qui vient de se faire plaquer.
Mais croyez-vous vraiment que cette phrase va lui faire du bien ? Et que ferait-il, de toutes faзons, avec dix femmes а ses cotйs ?
Je recommande plutфt un accueil bienveillant : "Oui, une de perdue, c'est trиs dur. Je suis avec toi !"
Jamais deux sans trois. Faux. Superstition absurde basйe sur des statistiques inexistantes. Deux ? Trois ? Quatre ? Les йvиnements n'ont pas l'habitude de consulter les statistiques avant d'arriver. Ils arrivent, un point c'est tout.
Je recommande plutфt la reconnaissance de la rйalitй : "Deux fois ? Ah non ! Quelle malchance !"
On apprend de nos malheurs. Faux. Les malheurs comme les bonheurs sont des occasions d'apprendre. Encore faut-il les saisir et se mettre en marche.
"On apprend de nos malheurs" est une gйnйralisation dangereuse : elle implique que je ne peux apprendre que de mes malheurs. Rйsultat : l'inconscient se met а saboter nos actions pour dйclencher un ou plusieurs malheurs afin de pouvoir, enfin, apprendre ! Ces malheurs sont d'ailleurs anticipйs par des scйnarios de catastrophes comme : "Un malheur n'arrive jamais seul".
Un malheur n'arrive jamais seul. Ah non ? Ce serait le malheur qui dйciderait de lui-mкme de se faire accompagner par un autre malheur…. pour se sentir moins seul, sans doute ?
C'est encore une de ces phrases qui dйresponsabilise la personne qui parle. Entendez-vous la plainte de la victime impuissante qui se cache derriиre cette phrase ? Dans une de ses chansons, Angиle Arnault affirme : "Paniquez pas pour rien : le pire s'en vient !"
On peut trouver d'autres phrases ou proverbes contraires а l'йquilibre psychologique, а la logique humaine, ou а la responsabilisation de la personne ! Proverbe – forme brиve
Le proverbe se donne, dans sa formulation brиve, elliptique et imaginйe, comme une vйritй d’expйrience, comme un conseil de sagesse pratique commun а tout un ensemble social. Ses principales caractйristiques en sont d’une part son origine orale et collective : en effet, son origine en est ignorйe ou repoussйe dans un temps archaпque quasi immйmorial et il est transmis de « bouche en oreille », comme une rumeur, mais une rumeur qui se serait fixйe et qui serait vraie. Cette origine intemporelle est йgalement (la plupart du temps et sauf exception) anonyme : l’йnonciateur en est indйterminй. Cette impersonnalitй propre а une sagesse collective se caractйrise d’autre part par la fixitй de sa structure, un style propre, reconnaissable, qui lui assure immйdiatement son statut de savoir catйgorique et invariant. Cette sagesse proverbiale semble кtre une garantie contre le temps et une rйfйrence stable et immuable par-delа les singularitйs et les subjectivitйs. « Le proverbe est une sorte de court poиme, souvent rimй, toujours rythmй d’une certaine maniиre, de faзon que la mйmoire machinale ne le dйforme pas aisйment. Ainsi il se fait notre importun compagnon. L’agitation mкme de notre esprit fait surnager le proverbe ; nos folles pensйes ne peuvent l’entamer » (Alain, Les passions et la sagesse).
Frйdйric Seiler, dans son йtude cйlиbre sur le proverbe, dйfinit celui-ci comme « une locution ayant cours dans le langage populaire, refermйe sur elle-mкme, ayant une tendance au didactisme et une forme relevйe ». A. Jolles s’attache а la critique de cette notion de caractиre populaire, qui est йvidemment assez embarrassante en raison de son imprйcision mкme. Herder et l’idйologie romantique n’ont pas manquй de rapprocher le proverbe de la poйsie populaire, du conte populaire et de toutes ces productions issues des profondeurs mystйrieuses de l’esprit d’un peuple (Volksgeist). « En tant que totalitй le « peuple » ne crйe rien. Toute crйation, toute invention, toute dйcouverte procиde toujours d’une personnalitй individuelle. Il faut nйcessairement que tout proverbe ait йtй йnoncй un jour et quelque part. Aprиs qu’il eut plu а ceux qui l’entendirent ils le propagиrent comme locution proverbiale et on l’a probablement retaillй ensuite et retouchй jusqu’а ce qu’il ait une forme pratique pour tout le monde et soit devenu ainsi un proverbe universellement connu » (Seiler).
Ce dйbat sur l’origine et la nature du proverbe ne peut cependant occulter plusieurs faits. D’une part cette forme locutoire a йtй privilйgiйe, pour des raisons que nous prйciserons, de tous temps, et dans toutes les civilisations et cultures orales. Il faut distinguer ensuite la crйation de la locution, et le moment de son acception comme tournure proverbiale. Des citations d’?uvres littйraires sont devenus en assez grand nombre des proverbes (ainsi certains fables de La Fontaine). Or ce qui caractйrise cette transformation et ce changement de statut de la locution est le fait que celle-ci prend en quelque sorte une valeur universelle, dйtachйe du contexte littйraire dans lequel elle a йtй crййe, ce qui permet d’oublier sans grande consйquence le nom de son inventeur. L’acception comme proverbe d’une locution correspond а un changement du niveau d’apprйhension et implique que la locution soit devenue et ait йtй reconnue bien commun а tout un groupe social. La notion de « populaire » est beaucoup trop large ; il convient de prйciser le groupe social de rйfйrence, car il existe des catйgories de proverbes propres а des mйtiers, des catйgories sociales particuliиres. Le proverbe vaut comme rйsumй d’une expйrience ayant valeur de gйnйralitй, et exprime avec couleur, image, vivacitй et rythme une sagesse issue d’un ensemble social. La fixitй de la structure, l’impersonnalitй de l’йnonciateur font de l’expression proverbiale une assertion catйgorique non critique.
Les proverbes constituent la partie intйgrante de toutes les langues. Quoique, de nos jours, ils aient perdu leur activitй historique d’autrefois et la frйquence d’emploi, ils restent toujours dans la langue un moyen d’expression important.
Les proverbes reflиtent l’histoire des peuples diffйrents, leur mode de vie, leurs coutumes, leur mentalitй. L’analyse comparative des proverbes des langues diffйrentes contribuerait а connaоtre les particularitйs nationales des peuples, а observer l’йvolution de leurs conceptions йtiques et esthйtiques. Elle permettrait йgalement de rйsoudre le problиme de la genиse des proverbes, de dйcouvrir le mйcanisme de la corrйlation de la langue et de la pensйe, de suivre l’йvolution de la pensйe philosophique et poйtique.
Malgrй l’importance incontestable des recherches contrastives, leur nombre reste toujours restreint. Les causes en pourraient кtre diverses dont le statut vague et indйfini des proverbes dans la langue. Certains linguistes leur refusent le statut de phrasйologismes et les rйduisent aux unitйs non communicatives. D’autres rapportent l’objet d’йtudes des proverbes au folklore.
D’autres considиrent que l’exclusion des proverbes des phrasйologismes est injuste car ces unitйs possиdent toutes les caractйristiques propres aux phrasйologismes. Ils fonctionnent dans la langue comme unitйs communicatives, proposition ou partie de la proposition. Gйnйtiquement ils remontent aux phrasйologismes qui ne font pas partie des proverbes. La forme de leur transformation sйmantique n’est rien d’autre que l’йlargissement situatif de leur contenu. Ayant acquis une signification gйnйrale, les proverbes ne s’appliquent pas toutefois а une personne, un йvйnement ou une situation concrets, mais а une classe de situations typiques ce qui prouve que la parйmiologie constitue l’objet d’йtude de la phrasйologie et doit кtre йtudiйe comme telle. Littйrature
1. Olga Ozolina. Quelques aspects de la parйmiologie comparative. http://wwwling.arts.kuleuven.ac.be/sle2001/abstracts/webozolina.htm
2. Alain Montandon. Les formes brиves. Hachette, Paris, 1992
3. M. Maloux. Dictionnaire des proverbes. Larousse, 2002
4. http://www.psychomedia.qc.ca/dart6.htm


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